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Perception des risques mondiaux (GRPS) dans le monde financier : Evolution sur dix ans

Le très médiatique Forum Economique Mondial est connu, en particulier, pour son évènement annuel à Davos.

Vous savez peut-être déjà que le WEF (World Economic Forum en anglais) publie également des rapports qui méritent qu’on les lise. Nous avons consacré un post il y a quelques mois à la très intéressante analyse des métiers du futurs qui a été publiée fin 2018. Ce rapport tente de donner une idée des emplois du futur. Si vous êtes jeune ou que vos enfants se posent des questions sur les métiers porteurs de demain, c’est un dossier à consulter au-delà de l’affirmation actuelle que « 80% des métiers de 2030 n’existent pas encore ».


Sur un thème radicalement différent, le WEF a publié le 15 janvier 2019 son Global Risks Report 2019. Vous trouverez sur le site du WEF le rapport lui-même et une vidéo de la conférence de presse (1h en anglais). Ce rapport, qu’on peut qualifier de « sombre » dans son analyse, fait quand même 114 pages. Il est très dense comme à son habitude. Quatre infographies, très abordables sont mises en avant au début du rapport. Je conseille globalement de ne lire le reste du rapport que si vous êtes d’humeur suffisamment joyeuse, sinon il est possible que vous ayez du mal à ne pas déprimer. Sans rentrer dans les détails, voyons quelques tendances…



L’executive summary (de seulement 2 pages : à lire donc 😊) commence très fort avec une question simple, mais directe « Is the world sleepwalking into a crisis? » qu’on peut traduire « Le monde entre-t-il comme un somnambule dans une crise ? » C’est-à-dire s’enfonce aveuglément dans la une crise sans même s’en rendre compte. Il est fait allusion à une crise environnementale ayant des conséquences sur toutes les autres catégories comme nous allons le voir.

« Les résultats de l'inaction climatique deviennent de plus en plus clair. L’accélération du rythme de perte de la biodiversité est une préoccupation majeure. La présence de certaines espèces animales est en baisse de 60% depuis 1970. Dans la chaîne alimentaire humaine, la perte de biodiversité affecte la santé, et développement socio-économique, avec des implications pour le bien-être, la productivité, et même la sécurité régionale. »

Voyons donc ce qu’on peut retenir de la Global Risks Perception Survey (GRPS) de ce rapport.


Evolution à 10 ans du GRPS

Les répondants (participants au forum) ont été invités à évaluer individuellement la probabilité de risques globaux sur une échelle de 1 à 5. « 1 » représentant un risque très peu probable et « 5 » risque très probable. Les participants évaluent également l’impact potentiel de chaque risque global sur une échelle de 1 à 5 (1: impact minimal, 2: impact mineur, 3: impact modéré, 4: impact sévère et 5: impact catastrophique). C’est assez simple donc. « 1 » = pas de souci, « 5 » =grosse catastrophe.

Un classement est alors réalisé et on retient les 5 risques principaux en impact et probabilité. Ce qui est intéressant, c’est que cet exercice a été réalisé depuis 2009. On a donc 10 années de perceptions disponibles. Si on met les réponses durant les dix années bout à bout, on obtient une infographie qui retrace, entre 2009 et 2019, les rangs des réponses données par les participants. Comme les catégories de risques ont des couleurs différentes (bleu=économique, vert=environnemental, rouge=sociétal, violet=technologique), on peut voir d’un coup d’œil l’évolution rapide et profonde de la perception de notre monde par les participants au WEF.



A l’origine les risques auxquels le monde était principalement exposé selon ces financiers étaient très majoritairement des risques économiques (bleu) alors qu’aujourd’hui, ces mêmes personnes pensent que les risques mondiaux principaux sont très majoritairement -voire exclusivement- environnementaux (vert).

Vous noterez que « water crisis » est classé en « risque sociétal » (rouge). C’est certainement vrai que l’impact sociétal de ce risque en conséquence serait fort, car une population qui n’a plus accès à de l’eau potable est forcément fortement impactée, mais la cause de la disparition de cette ressource est forcément environnementale. Cela renforce cette catégorie avec 4 impacts provenant de sources environnementales classés parmi les plus impactants .

Cela veut dire, selon les participants au questionnaire, que si le monde [financier ?] s’écroule demain, ce sera plutôt pour des raisons environnementales que pour des raisons financières… ou que Trump, Kim Jong-un, Poutine ou une quelconque organisation possédant des armes nucléaires, ou bactériologiques, a appuyé sur le bouton « destruction massive » (dévastateur, c’est sûr, mais peu probable [ouf ?] selon les participants).


Image 2018-2019

Actuellement, les risques environnementaux sont donc, et de loin, considérés comme les plus impactants (Impact) et les plus probables (Likehood). Le trio de tête (en haut à droite du graphique) peut faire froid dans le dos, surtout si, en prenant un peu de recul, on se fait la remarque qu’ils ont la même source : un échec dans le combat contre le changement climatique.



Comme nous l’avons vu avec le dernier rapport du GIEC, ce n’est pas prêt de s’arranger ! Pour rester avec un réchauffement planétaire « tolérable », il faudrait que nous arrêtions brutalement les émissions de gaz à effet de serre brutalement. On ne parle donc pas d’énergies éoliennes ou solaires, comme certains cherchent à le faire croire, mais de revenir à des activités proches de celles de l’ère préindustrielles en l’espace de 20 ans… Je ne sais pas pourquoi, mais il y a comme un doute sur la capacité de l’humanité à prendre ce genre de virage volontairement.

Conclusions

Face à l’ampleur de la tâche, même avec de telles prises de position, il y a peu de chance que les choses changent parce ce que nous avons horreur de nous réguler et de nous restreindre.

C’est comme si on rassemblait 3 personnes qui ont faim (et qui se plaignent), et 7 personnes réellement affamées dans une très belle pâtisserie dont on pense que l’arrière-boutique est remplie de gâteaux (il y en a qui cherche encore à le faire croire en parlant de conquête de la lune, de Mars ou en lançant une voiture dans l’espace, grrrr)… Mais c’est faux ! L’arrière-boutique est vide (ou tellement loin qu’on ne peut pas y aller). Il n’y a donc qu’un gâteau en devanture et en plus, il ne fait que 5 parts.

On voudrait nous faire croire que les 10 personnes vont tous se mettre d’accord pour recouper gentiment le gâteau en 20 parts, en manger que la moitié et garder les 10 autres parts pour le lendemain, voire en donner à d’autres qui font la queue devant la pâtisserie et qui n’ont pas eu de gâteau pendant les siècles passés.


Il est beaucoup plus probable que les dix intéressés trouvent une solution... radicale et probablement foutent ce qui reste du gâteau en l’air au passage.

Pas très joyeux tout ça… désolé ! Mais ma pâtisserie préférée était fermée ce matin et ça m’a mis de mauvaise humeur 😊…

Je plaisante, ce n’est pas une raison pour être fataliste. Si vous voulez avoir une idée du chemin que l’Humanité a parcouru en peu de temps et celui, donc, qu'elle devrait (sauf miracle ) refaire « à l’envers » de manière plus ou moins organisée, je vous invite à relire notre post sur l’excellent et regretté Hans Rosling.


Merci.

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