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Enquête télétravail comptoir de la nouvelle entreprise Février 2019. Première partie

La très attendue (désormais annuelle ?) Enquête du Comptoir de la nouvelle entreprise (Malakoff Médéric Humanis) sur le télétravail en France vient d’être publiée ce 20 février 2019. L’intégralité des résultats est également disponible en 38 diapositives (dont 30 de résultats) sur la page du lien indiqué.

Cette enquête a déjà reçu un écho médiatique en temps réel puisque France Inter, La Croix, et Le Parisien, par exemple, ont déjà publié une analyse des résultats.

Regardons ensemble cette enquête menée en ligne auprès d’un échantillon de 1.604 salariés (dont 581 managers), représentatifs de la population active française salariée du secteur privé, travaillant dans des entreprises d’au moins 10 salariés.

Pour ceux curieux d’avoir un état du télétravail dans la Fonction publique, un rapport fort bien bâti (mais quelque peu démoralisant) a été publié il y a peu (voir notre post à ce sujet).

L’enquête du Comptoir de la nouvelle entreprise sur le télétravail en France comporte cinq volets :

  • Le télétravail, une pratique qui se généralise,

  • Motivations et bénéfices du télétravail,

  • Perception des inconvénients et des enjeux liés au télétravail,

  • Les freins à la mise en place du télétravail selon les dirigeants,

  • Le point de vue des managers.

Voyons ensemble la première partie de cette enquête.


Le télétravail, une pratique qui se généralise. Oui, mais…

Le premier constat est que 2018 n’a pas amené la révolution attendue sur le télétravail. Certes, celui-ci a progressé. Mais rappelons que Muriel Pénicaud, en fin 2018 avait annoncé que le télétravail a connu en 2018 une augmentation de 25% dans les entreprises françaises. Nous avions humblement remarqué que la ministre exagérait probablement et expliquions qu’en fait, « il y a 25% de plus d’accords entre les deux années (YTD), ce qui est un point qui montre effectivement une progression, mais 25% d’accords en plus ne fait certainement pas 25% de télétravailleurs en plus. C’est un effet probablement lié à la facilitation de la mise en place du télétravail. ».


L’enquête actuelle semble nous donner raison puisqu’on peut parler d’une augmentation de … 4% du télétravail en France entre 2017 et 2018 ! Ce n’est pas si mal, mais on est loin des 25% d’augmentation.

Le site du comptoir de la nouvelle entreprise met en avant le montant de 50% de télétravail contractualisé supplémentaire, certes, mais cela veut dire que dans cette catégorie, on est passé de 6% des salariés à 9%, ce qui reste quand même très modeste (et donnerait largement raison à la ministre du travail pour le coup…). Pour rappel, le ministère des finances belge télétravaille à 66%...


Une remarque cependant sur les questions posées. L’IFOP, distingue fort justement le télétravail « contractualisé » de celui « non contractualisé ». Ce terme est désormais ambigu et devrait être précisé. En effet, à l’origine, les (grandes) entreprises avaient tendance, surtout avec le télétravail régulier à éditer un avenant au contrat de travail pour chaque salarié demandant à télétravailler ou à changer de jour de télétravail. Avec l’assouplissement de la loi, la banalisation du télétravail et la multiplication des formes de télétravail, l’édition d’un avenant devient fastidieuse et, puisqu’il n’y a pas d’outil disponible facilitateur de ce type de gestion, cette pratique disparait. Il y a cependant une grande différence entre les entreprises qui ont un accord (donc une forme de contractualisation) et celles qui n’en ont pas. Les résultats de l’enquête ne permettent donc pas de distinguer le télétravail « à l’amiable » de celui reposant sur un accord d’entreprise, de la contractualisation individuelle par avenant au contrat de travail voire de ceux qui sont embauchés en tant que télétravailleurs permanents. C’est dommage.


Profil

Le profil des salariés télétravaillant est défini par différents aspects qui complètent et met à jour les « portraits-robot » déjà établis par d’autres enquêtes.



On pourra faire remarquer que certains de ces paramètres présentent un biais non négligeable. En effet, quand on regarde le profil d’âge des personnes interrogées (diapo 35), on s’aperçoit que 42% des participants sont dans la tranche 35-49 ans. "L'effet age" mis en avant est donc très modeste.

De même, l’échantillon de départ est composé de couples ou de personnes seules ayant un ou des enfants à 51% (diapo 35 également). L’enquête indique que 57% des gens qui télétravaillent ont des enfants. Comme l’échantillon est composé de 29% de télétravailleurs, cela veut dire que 49% des gens qui ne télétravaillent pas ont des enfants. Seulement 8% de différence donc entre les deux populations.

Enfin, l’échantillon de la taille de l’entreprise est composé à 46% de société de plus de 1000 salariés.

A l’opposé, on remarque que seulement 22% des interrogés sont cadres, ce qui donne un relief particulier à ce résultat (51% des télétravailleurs sont "cadre").


Taux de satisfaction

Le taux de satisfaction de la part des pratiquants, il reste très élevé en 2018, avec une note globale de 7,7/10 (chaque participant se positionne sur une échelle de 0 [signifiant que le répondant n’est pas du tout satisfait], à 10 [signifiant que le répondant est très satisfait]). Cette note est globalement stable par rapport à l’année précédente (7,5/10). Seul 7% des répondants donnent une note inférieure à 5/10 à leur pratique du télétravail. C’est-à-dire que seulement 7% des participants utilisent les notes en dessous de la médiane (5). Et l’on note, de plus, que quand les salariés télétravaillent un jour par semaine, le taux de satisfaction moyen monte à 8,5/10.



Lieux de télétravail

Le domicile reste, de loin (92%) le lieu où l’on télétravaille le plus en 2018. 61% des télétravailleurs contractualisés ont d’ailleurs un espace dédié pour télétravailler, ce qui est en très forte baisse par rapport à l’année précédente sans explication apparente (76%). Ce montant reste cependant énorme quand on considère, par exemple, que 34% des télétravailleurs sont parisiens dans cet échantillon. Cette proportion peut être prise comme une confirmation du profil plutôt CSP+ de ceux qui télétravaillent. En plus, 35% déclarent avoir même une pièce dédiée au télétravail.


Conclusion

Cette enquête étant très riche en enseignement (et en question qu’elle soulève), nous continuerons avec les sujets suivants dans un autre post. Il est clair que les personnes qui télétravaillent sont satisfaites et avec un profil clair. On peut déjà, à ce stade souligner que les personnes qui ont tendance à télétravailler sont de niveau permettant une bonne autonomie et plutôt rompu à l'exercice du management à distance. Une entreprise voulant développer le télétravail avec succès devra donc développer ses salariés dans ce sens. Nous verrons par la suite que tout n'est pas satisfaisant concernant certains points comme la formation. Cette enquête nous rappelle que le télétravail est une grande opportunité pour les entreprises, à condition que celles-ci comprennent que c'est un formidable tremplin pour un management bienveillant, l'adoption de progrès technologiques et une productivité accrue. Il faut néanmoins un peu d'investissement pour capitaliser sur ces bienfaits et éviter les non moins nombreux écueils. Nous le verrons dans un prochain post.


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Image Pixabay

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