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La Qualité de vie au travail : historique, évolutions et perspectives de terrain

Nous avons assisté mardi 12 février à la conférence organisée à Lyon II Bron dans le cadre de l’APIRAF. Le thème était « La Qualité de vie au travail : historique, évolutions et perspectives de terrain » avec trois intervenantes qui se sont relayées sur ce thème : Pascale Joud, Charlotte Orcel et Françoise Robert. #QVT#RPS

Après une courte présentation des activités de l’APIRAF par Didier Gigandon (Président de l’association) et du programme de conférences pour 2019, Claire Thebault et Bruno Riviere, qui ont organisé l’évènement, ont fait une introduction sur le sujet de la soirée.


De gauche à droite : (asssises) Françoise Robert, Charlotte Orcel, Pascale Joud, (debouts) : Bruno Riviere et Claire Thebault, Au micro: Didier Gigandon.


Définition et historique de la QVT

Il a été question d’effet de mode ou pas, de « bonheur au travail » et de CHO (Chief Happiness Officer) avec la question du lien entre la psychologie et la QVT. Dans ce contexte, un avis des actrices de terrain que sont les intervenantes était donc intéressant à écouter.

Il a été ensuite posé la question à la salle « Qu’évoque le terme QVT pour vous ». Les réponses qui ont fusé en écho parmi la centaine de participants ont été très variées.

Voici celles que j’ai pu noter : Respect, espace psychique et physique, dialogue, coopération, bien être, contenu du travail, temps de travail, prévention des RPS, confiance, plaisir, questionnaire, protection, rentabilité, utopie, ressource, communication RH, télétravail, travail, vie, équilibre vies, façade, travail vivant, performance, travail de qualité, hiérarchie et autonomie, collectif de travail, reconnaissance, surcharge, sécurité, amélioration, transformation; ...


Un bref historique de la qualité de vie au travail a ensuite été brossé avant le début des interventions. Les principaux documents évoqués en support à ces approches ont été en France, le rapport Gollac-Bodier (2011), ANI de 2013 sur la Qualité de vie au travail, les modifications apportées par la Loi Rebsamen (2015) et le Plan Santé au travail (2016-2020).

L'Accord National Interprofessionnel (ANI) définissant la qualité de vie au travail, pour rappel, comme " un sentiment de bien-être au travail perçu collectivement et individuellement qui englobe l’ambiance, la culture de l’entreprise, l’intérêt du travail, les conditions de travail, le sentiment d’implication, le degré d’autonomie et de responsabilisation, l’égalité, un droit à l’erreur accordé à chacun, une reconnaissance et une valorisation du travail effectué."


Présentations des intervenantes

Note : les propos ci-après n’engagent en rien les présentatrices. Il s’agit de reconstitution à partir des notes que j’ai prises durant leurs présentations. Il est donc possible que des imprécisions se soient glissées dans ce résumé par rapport aux propos réellement tenus.


Pascale Joud

Pour Pascale Joud, le point de vue de l’employeur sur la QVT est présenté par différents sujets illustrés par la « fleur » ci-dessous.



Il y a une notion normative de la QVT, mais pas de notion légale à proprement parler. Comme évoqué en introduction, c'est l'ANI de 2013 qui est la principale référence dans ce domaine. Le travail en lui-même est porteur de santé et de bien être et permet de s’émanciper. Le lien entre QVT et performance est clair.


Selon Pascale Joud, la QVT peut être améliorée si c’est un axe stratégique en cohérence avec les valeurs de l’entreprise et des personnes. La QVT n’est ni un gadget, ni cosmétique. Des réserves ont d'ailleurs été émises sur les salles de sieste et autres "solutions" de ce type qui peuvent être un plus, mais surement pas au cœur d’une stratégie de qualité de vie au travail.


Pascale Joud a ensuite présenté une approche Lean (5 S) sur un chantier de construction d'un bâtiment de 12 000 m² en Savoie qui a été livré en juillet 2018. Cette approche repose principalement sur le respect de son travail et du travail des autres avec une structuration de l’élimination des déchets, rangements, propreté, nettoyage, et implication de chacun. Avec un principe : « c’est celui qui fait qui sait ». Les gens "opérationnels" du chantier ont ainsi été impliqués dans la conception même du bâtiment. A noter en même temps l'introduction d’un management visuel numérique du chantier avec Beam (maquette 3D).

L’impact sur le chantier a été mesuré par les équipes de Pascale Joud tout au long de son déroulement. Les questionnaires étaient composés d’une liste de 34 thèmes avec 6 questions supplémentaires ciblées sur le lean management , directement lié au chantier. Chacun des questionnaires permettait aux répondants de se positionner sur la situation idéale et la situation actuelle ainsi que la situation désirée. Il était également demandé si on s’approchait ou on s’éloignait de l’idéal et si on le faisait lentement ou rapidement.


Cet outil est présenté comme un outil participatif qui, avec un résultat de 22 thèmes jugés positifs, 11 négatifs et 1 point dur, montre que des retours amenant la satisfaction est possible. Pascale Joud a rappelé à cette occasion que selon le WEF, la France est classée 137ieme sur 144 pays mondialement pour la qualité de son dialogue social et que le type d'approche qu'elle présente est à même d'améliorer cette situation.


La présentation a été clôturée avec deux réflexions sur « Qu’est-ce qui définit une qualité dans la relation humaine ? » et « Le lien entre Qualité de Vie au Travail et psychologie positive. »


Charlotte Orcel

Charlotte Orcel a insisté sur le fait que la Qualité de vie au travail et Qualité relationnelle sont une formidable opportunité de replacer l’humain au centre de l’organisation.



Il y a un lien étroit entre l’amélioration de la vie au travail et l’efficacité, la qualité et la performance. Ce n’est pas une évidence pour tous, même si elle est elle-même convaincue ainsi que le cercle des psychologues du travail. Mais il reste encore à convaincre beaucoup d’entreprises selon elle. Charlotte Orcel a d’ailleurs évoqué que ce devrait être une mission des psychologues de faire que ces liens ne fassent plus doute.

Le Mot clef de l’approche est « confiance ». Elle a également insisté sur le fait que lors des interventions en entreprise, il faut aussi connaitre l’héritage : le parcours de ce qui a déjà été créé. La plupart du temps, un travail a déjà été réalisé et il est important de le prendre en compte, même s’il n’a pas livré les résultats initialement espérés.


Françoise Robert

La fluidité des énergies dans le travail. Françoise Robert a proposé de parler non pas de « Qualité de vie au travail », qui dessert son objectif, mais de « Qualité de l’expérience de travail ».

Françoise Robert a mis en avant que s’il y avait 17 risques selon la classification de l'INRS, un seul de ces risques était lié aux RPS (le 17ième d'ailleurs 🙂).

Quelques profils de résistances ont été décrits au sein de l’entreprise:

  • "Monsieur +" : « Pas de RPS chez nous ! Que de la QVT »

  • C’est pas moi c’est lui : « Allez voir la RH, c’est elle qui s’occupe de ça »

  • Jeu de mots (cuvette)

  • « on a un grand projet …»

Elle a parlé du projet transverse Elence : avec la participation de la CARSAT, DIRECCTE, et la région ARA appelé « SQVT et PG » (et performance globale) à résultats disponibles sur le site d’Elence. 12 chantiers 45 personnes, 50 experts une communauté de 150 membres.


Q/R avec la salle

Quelques questions dont une a été sur « les investissements de 1€ en santé donnent 2 € de retour sur investissement » qu’en pensez-vous ? La réponse n’a pas été aussi tranchante que ce qu’elle aurait pu. Pour ceux qui veulent une réponse nette, elle se trouve dans un article ici et sur la santé mentale, dont le ROI est de 13 € pour 1 € investit, la supercherie est décrite aussi quelle que soit la qualité des analyses initiales… Si vous voulez des choses fiables, dans le cas du bâtiment , il y a l’étude OPPBTP et une vraie étude scientifique qui parle de 20% de productivité.


Conclusions

Trois bonnes conférences en une soirée ! Je regrette cependant, que même si cela a été parfois évoqué, la complémentarité et la continuité entre la prévention des RPS et le développement de la qualité de vie au travail n’aient pas été plus marquées. Il faut une prévention efficace pour s’assurer d’une base sereine (et crédible auprès des salariés) avant de parler de rechercher une sincère« qualité d’expérience de travail ». La QVT revêt un coté positif et attractif par rapport au vocabulaire et aux objectifs poursuivis par la prévention des risques psychosociaux, certes, mais on n'a jamais vu de papillon sans qu'il y ait eu une chenille avant...


Merci.

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