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Recherche bénéfice environnemental du télétravail désespérément !

Un article du Point paru hier revient sur le bénéfice environnemental réel du télétravail.


En préambule, l'article rappelle que, globalement, 70% des français utilisent leur voiture pour aller travailler même si, selon les villes et que l'on considère les centres-ville ou la zone urbaine, l'utilisation de la voiture varie largement.


Ne pas se déplacer est théoriquement la manière la plus sure pour diminuer l'impact des gaz à effet de serre sur le climat et la pollution liés à la mobilité.

On peut lire que "Pour lutter contre la pollution liée aux allers-retours domicile-travail, les pouvoirs publics encouragent notamment les entreprises à avoir recours au télétravail."


On vient cependant de voir que cet exercice a ses limites. En effet, la discussion autour de la loi d'orientation des mobilités (#LOM), un nouvel amendement a été adopté, annulant une proposition du Sénat. "Il faut développer le #télétravail mais cela ne peut être un prétexte pour diminuer le versement mobilités [NDLR: de la part des entreprises qui mettent en place le télétravail] qui finance les transports du quotidien pour tout le monde." ont récemment tweeté Aude Luquet puis Barbara Pompili.

La proposition d'intégrer une incitation financière en lien avec la diminution de l'utilisation de l’infrastructure urbaine (via l'annulation d'une taxe...) dans la LOM est donc rejetée. Il faut dire que si cette mesure de bon sens sur le principe, serait une vraie usine à gaz (sans mauvais jeu de mot) si elle devait reposer sur un calcul équitable.

L'article du Point met en avant les résultats de deux chercheurs sur certains aspects liés au télétravail. Le premier, qualifié d'"effet rebond" est assez peu souvent évoqué, mais reste intéressant à connaitre.


Boing ? Effet rebond ?

Anne Aguilera, chercheuse à l'Institut français des sciences et technologies des transports de l'aménagement et des réseaux (Ifsttar) précise que lors du télétravail, "les gens vont en profiter pour effectuer d'autres déplacements, par exemple aller faire des courses ou chercher les enfants à l'école". Cet opinion étayé par des études réalisées aux USA et au Japon rejoignent l'avis exprimé par la chercheuse lors de sa publication de 2016 joliment intitulée " Le télétravail, un objet sans désir ? " et dont je vous recommande chaudement la lecture instructive.


Les auteurs concluent cette publication par les constats suivants: " Nous nous sommes interrogés sur les raisons du décalage important entre les fortes attentes dont fait l’objet le télétravail et la faiblesse de sa pratique. Les trois sources statistiques utilisées confirment tout d’abord non seulement le faible niveau de développement actuel du télétravail au sens où nous l’avons défini, mais aussi l’absence d’une réelle dynamique".


Peut-on dire qu'après les ordonnances Travail de septembre 2017, l'attitude des entreprises ou le contexte aient vraiment évolués par rapport à ce constat ? Pas vraiment.


Les auteurs poursuivent: "Le développement du télétravail formel supposerait d’autres conditions qui feraient basculer les dilemmes coût-avantage que nous avons décrits. Cela serait le cas si les pouvoirs publics décidaient une politique plus forte d’internalisation par les acteurs privés des coûts sociaux engendrés par la congestion (taxes carburants, taxes transport, péages urbains…), les contraignant à réviser leurs choix actuels. Une brutale hausse des carburants aurait un effet analogue. Le développement de formes organisées du télétravail apparaîtrait alors comme une alternative nécessaire [...] Sans un choc exogène de cet ordre, le télétravail restera vraisemblablement ce qu’il est aujourd’hui." Ce constat me semble toujours d'actualité.


Emissions évitées ?

Patrice Tissandier, enseignant chercheur au laboratoire Théoriser et modéliser pour aménager (Théma), a mené des travaux en France qui lui permettent d'affirmer que le télétravail amène entre 3 et 5 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) selon le scénario sélectionné (taux plus ou moins élevé de télétravailleurs, télétravail à domicile ou dans d'autres lieux etc.). Même si ce n'est pas précisé dans l'article, il est probable que cela corresponde à la diminution d'émission par rapport à la totalité des émissions de GES pour les déplacements domicile-travail. Ce résultat n'est pas totalement surprenant puisque le taux de télétravailleurs plafonne à 30% et que les constats qualitatifs montrent que la moyenne est probablement proche d'un jour par semaine. Ce qui veut dire que si tous les télétravailleurs télétravaillaient de chez eux, on aurait environ 6% des émissions évitées.



Conclusion

Peut (beaucoup) mieux faire... Si on compte sur le télétravail avec un taux d'adoption pareil pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre ou diminuer la consommation d'énergie, et bien ... C'est pas gagné. Un gramme de CO2 que l'on envoie pas dans l'atmosphère, ça reste toujours bon à prendre, cependant, il est clair que quand on évite (sans compter l'effet rebond) seulement 6% des déplacements, on peut difficilement espérer éviter plus de 6% des émissions de GES.


Par contre, comme l'évoque fort justement Anne Aguilera, on reparlera probablement de tout ça quand le litre d'essence dépassera les deux euros et qu'il sera très difficile de circuler dans les grandes villes pour raison de grèves diverses ou autres. Quelques entreprises et leurs salariés y seront bien préparés... D'autres probablement beaucoup moins.

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